L'empreinte de Philippe Bruneau

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La revue bretonne Tradition vivante, qui traite de la musique et de la chanson traditionnelles, a consacré son premier numéro (été 1989) à Philippe Bruneau.

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Philippe Bruneau est une très forte personnalité dans la tradition musicale québécoise. Il est un maître dans la pratique du mélodéon et a développé sur cet instrument apparemment simple, une technique extrêment compliquée et quasi inapprochable. Invité d'honneur à la fête de la Boëze, il a ensuite fait une tournée de cabaret en Bretagne. C'est à cette occasion de son passage à Brest, au bar Patchwork, siège du folk-club l'Entonnoir qu'il s'est livré très facilement à cet interview. Il y parle tour à tour de sa musique, de ses influences, de son environnement musical, de la musique traditionnelle québécoise actuelle, tout cela avec des accents parfois surprenants souvent teintés de mysticisme et de grande fièreté.

Jean-Paul Guyomarc'h

Philippe Bruneau et le Prix Gérard-Morisset, Centre Mnémo

Lors de la dernière remise des Prix du Québec, qui avait lieu en octobre dernier, tous furent surpris d’entendre que l’accordéoniste Philippe Bruneau déclinait le Prix Gérard-Morisset. Rappelons que ce prix vise à honorer l’apport exceptionnel d’une personne dans le domaine du patrimoine vivant. Nous voulons revenir ici sur cet événement important pour le milieu de la musique traditionnelle québécoise. Important parce qu’il touche, d’une part, à un des piliers de la musique de chez nous, et qu’il s’agit, d’autre part, de la plus haute distinction que le Québec puisse accorder à quelqu’un dans ce domaine.

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Article de Québec info musique

Instrumentiste et compositeur remarquable, l'accordéoniste Philippe Bruneau fut tout au long de son existence un ardent défenseur d'un répertoire et d'un style québécois authentiques. Sa démarche singulière, en marge de toutes les modes et de l'univers médiatique, continue d'inspirer tout un noyau de praticiens de l'instrument et plusieurs historiens de la musique. Ce rôle de leader d'une démarche artistique lui est échu pratiquement malgré lui, son acuité lui ayant fait prendre conscience de l'état de laisser-aller auquel la musique traditionnelle instrumentale canadienne-française était confinée, alors que d'autres cultures étaient beaucoup plus systématiquement documentées et étudiées. S'étant expatrié en 1991, il a passé les deux dernières décennies de sa vie en France d'où il a continué d'oeuvrer à sa passion.

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Hommage à Philippe Bruneau dans la revue Le Soleil le 28 décembre 2011

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Souvenirs personnels de Pierre Chartrand

Un article signé Pierre Chartrand, paru dans le Tradmag numéro 140 (nov-déc. 2011) ainsi que dans le bulletin Mnémo de décembre de la même année.

Philippe Bruneau nous a quittés le 7 août dernier. Depuis déjà plusieurs semaines, les témoignages ont fusé de part et d’autres. On a décrit son parcours de musicien, on a vanté avec raison la qualité exceptionnelle de ses nombreuses compositions, on a parlé de la sensibilité de son jeu, etc. Je ne peux guère en rajouter sinon d’y aller de façon bien personnelle, en me souvenant de moments que j’ai partagés avec Philippe.

La première fois que je l’ai vu en concert remonte environ à 1972 au Collège Maisonneuve, à Montréal. Il jouait pour un groupe folklorique nommé les Danseurs du Saint-Laurent, et en avait profité, comme il le faisait souvent, j’allais l’apprendre par la suite, pour s’exprimer sur ce qui se faisait en musique et en danse traditionnelles au Québec, sur des gens dont certains étaient dans la salle. Un certain malaise flotta à quelques reprises durant ce concert...

Je venais de camper le personnage : entier, sans compromis, qui égratignait parfois du monde au passage, bourru et parfois maladroit, mais au cœur fier et généreux. Je le dis sans méchanceté puisque j’ai eu la chance de travailler de longues années avec lui et ai pu apprécier ses qualités, comme ses défauts, les premières compensant amplement les seconds.

Ce fut incontestablement l’interprète sur la musique duquel j’eus le plus de plaisir (le mot est faible) à danser. Il était sensible et attentif à ma danse, il supportait mes pas, ses doigts suivaient mes pieds, son soufflet s’accordant presqu’à mon souffle.

Philippe s’était par ailleurs donné une « vocation », comme on entre dans un ordre monastique : donner tout ce qu’il pouvait, ce qu’il savait, ce qu’il aimait, à la musique traditionnelle du Québec. Il le faisait sans mélange et sans calcul. Il portait cela comme on porte une croix : ça pouvait l’accabler, le pourfendre à certains moments, le mettre en rogne à d’autres. Mais il portait cette croix tout en jouant avec une telle délicatesse, une telle grâce, qu’on pouvait se demander si c’était le même homme qui tantôt bousculait (au figuré bien sûr) certaines gens sur son passage, et qui ensuite vous touchait au plus profond de votre âme par son jeu et ses compositions. C’était bien le même homme... l’un n’aurait pu aller sans l’autre, l’un était nécessaire à l’autre.

Philippe était particulièrement heureux quand il jouait pour des veillées que je callais, car cela le libérait de sa « vocation ». Il retrouvait alors l’authentique plaisir de jouer pour la danse, ce qu’il disait être la base et le sens même de notre musique. Il m’a souvent dit « je vais m’arrêter de faire de la musique de concert, ce n’est pas ça la vraie affaire! ». Il était ambivalent, sinon torturé entre ces deux pratiques, qui pourtant le nourrissaient toutes deux également.

Philippe ne nous laisse pas orphelin, loin de là : des centaines de compositions, et toute une relève qui s’est fortement inspirée de lui, qu’il accueillait chez lui à bras ouvert pour lui prodiguer conseils et encouragements.

Pierre Chartrand

Philippe Krümm, Philippe Bruneau et Myriam Gagner, lors d'une tournée en France.

Témoignages

Hommage de sa fille Joanne Bruneau publié au Centre Mnémo

" Chef de fil, maître et virtuose de l’accordéon, compositeur exceptionnel et de réputation internationale, ardent défenseur d’un répertoire et de la musique traditionnelle québécoise, Philippe Bruneau s’est éteint, dimanche le 7 août 2011, à 19h00 (heure du Québec) à l’hôpital, dans le sud de la France, à l’âge de 77 ans. Il luttait contre le cancer et suivait des traitements rigoureux depuis deux ans. En France, il laisse dans le deuil son épouse Corinne et sa fille Bernadette, et au Québec, six enfants, deux frères, deux sœurs ainsi que tout le milieu de la musique traditionnelle.

Philippe Bruneau est né à Montréal, le 22 septembre 1934. Jusqu’à la fin de sa vie, il aura défendu la pureté et la beauté de notre musique traditionnelle qui a autant de valeur disait-il que celle de tous les autres pays. Il aura composé plus de 300 pièces musicales en forme d’hommage (généralement dédiés à des gens du milieu : musiciens, danseurs, personnages marquants). Ces hommages sont d’une qualité et originalité encore inégalées de nos jours.

Ce que l’on retiendra de ce grand musicien et homme de grande foi c’est sa grande intégrité, sa générosité à donner gratuitement sa musique telle qu’il l’a concevait, c’est-à-dire avec simplicité, rythme, respect du genre, émotion et avec beaucoup de beauté. Ses interprétations et compositions savaient souvent trouver le chemin fragile de notre âme, quand il jouait ces mélodies composées pour le concert et soulevait assurément tous les pieds, quand il interprétait des pièces pour la danse.

On se rappellera que Philippe Bruneau est un des rares artistes qui ait refusé le prix du Québec (Gérard-Morisset) en 1991 et la bourse de 30,000 dollars qui était attachée, malgré sa grande pauvreté matérielle. (voir article du Centre Mnémo à cet effet)

Malgré qu’il vivait en France depuis 1991, son cœur et toute sa musique sont demeurés profondément attaché au Québec. Il était en quelque sorte, « Un Canadien errant » , mélodie bien connue des Québécois qu’il avait su si bien interpréter avec de magnifiques variations.

L’héritage qu’il laissera au québécois et aux québécoises et à tous les musiciens et musiciennes qui aimaient l’accordéon et la belle musique est indéniable. Jamais nous ne t’oublierons. Merci pour tous les sacrifices que tu as faits pour ton peuple qui n’a pas su te reconnaître à temps et pour la valorisation de notre magnifique musique. "

Joanne Bruneau

Témoignage de Franck Sears

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Témoignage de Gilles Garand

Je suis très fier de participer à cette mobilisation culturelle valorisant Monsieur Philippe Bruneau, accordéoniste de grand talent. J’ai eu le plaisir et le privilège de le côtoyer à Montréal, au festival des Maîtres sonneurs à St-Chartier, dans le Berry et à sa maison à Forcalquier dans les Alpes-Maritimes. Salut Philippe! Merci au Centre Mnémo pour cette initiative de collecte collective sur un porteur de tradition exceptionnel.

Témoignage de Sylviane Pinter et Stéphane Sergent

Nous avons eu beaucoup de chance de croiser la route de ce grand monsieur, que nous avons eu comme ami et voisin à Forcalquier. Il nous a fait un magnifique cadeau en nous offrant un "hommage à Sylviane et Stéphane" pour notre mariage. Nous n'oublierons pas nos visites chez lui, où il me faisait travailler l'accordéon et battre le pied en cadence… visites de l'après-midi qui se terminaient tard autour d'une bonne table.

Témoignage Marcel Azzola , Paris, 1986

Philippe Bruneau, homme de contrastes, l’artiste du «Tire et Pousse ». Sa musique généreuse et bien cadencée en compagnie de Dorothée Hogan sa pianiste restera éternelle. Accordéonistiquement et amicalement, Marcel Azzola, Paris, 1986

Témoignage de Cyril Simard

On se souviendra des airs qu'on a chantés

On se souviendra des valses qu'on a dansées

Porteur de mémoire et de joie de vivre

On se souviendra de Philippe Bruneau... pour toujours!

Témoignage de Sébastien Dionne

J’ai eu le privilège de le rencontrer à St-Chartier en 2004 et il m’a marqué autant par sa prestance que par sa musicalité. Un grand homme de l’accordéon! Merci M. Bruneau !

Témoignage de Jacques Landry

J’ai curieusement fait la rencontre de Philippe Bruneau en France (Saint-Chartier). Partout où il est passé, il a fait rayonner la musique traditionnelle du Québec et ses nombreuses compositions (hommages) sont devenues des classiques de notre culture. Philippe Bruneau : monument de l’accordéon !